Avant je savais vivre dans la nature, dix années de nombreuses retraites spirituelles dans les forêts et en montagne m'ont appris à le faire, avec des bases militaires, plus la lecture de quelques livres.
Il faut bien évidemment de l'équipement et un bon matériel peut durer ensuite plusieurs années.
Mais savoir vivre dehors en ville, ça, ça demande d'autres notions, car il y a plein de codes et d'attitudes pour ne pas se faire bouffer.
Le gars qui sort tout juste de sa nature avec cinq ou dix ans de méditation derrière lui se fait bouffer. Car maintenant les villes sont de véritables jungles agressives et dangereuses, pour les femmes comme pour les hommes.
Un homme sans force ça se voit et c'est potentiellement plus une proie que les autres. On ne parle pas de force spirituelle mais matérielle.
Si un jésus était revenu sur Terre y a dix ans, il aurait été bien sûr considéré comme le pire des terroristes. Cette parenthèse pour dire que celui qui veut passer pour un saint en ville serait très mal vu, même avec les meilleures intentions.
Ainsi en ville, avec toute cette agitation, ce bruit, cette pollution et les nombreuses personnes mal intentionnées, la force spirituelle est ébranlée, vacille et s'effondre en moins d'une année. Parce que cette personne s'aperçoit que la seule force spirituelle ne vaut rien et n'est pas incarnée, remplissant son corps pleinement de matière dense. Alors que d'autres n'ont jamais entendu parler de spiritualité et ont leurs racines capables de transpercer des cailloux. Ce qui veut dire que dans la matière, ils sont bien plus forts. Et nombreux de ceux-là vous regardent droit dans les yeux avec férocité, capables de vous rentrer dedans s'il leur semble que vous leur parlez de travers. C'est la ville. C'est une normalité. Et c'est également leur attitude normale du matin au soir sans qu'il n'y ait quelque chose contre vous.
Si vous avez le regard fuyant, peu sûr de vous, vous vous faites bouffer. Il faut le regard aiguisé comme l'aigle, déterminé, la posture solide et imposante, et si en plus les sourcils restent naturellement froncés, vous passez inaperçu. Vous êtes normal.
Il faut néanmoins observer quelques signes de reconnaissance et de politesse furtifs ou appuyés dans certains cas et que ce soit juste. On les obtient alors en retour.
Bref, après l'acquisition des forces de la ville, en intégrant toute sa lourde matière, il faut ensuite y combiner ses notions de survie dans la nature.
Donc partout, dans chaque rue, chaque quartier, on peut trouver des choses utiles pour avancer.
Ici et là-bas il y a un point d'eau, ici un endroit pour uriner tranquille, dans cet immeuble ou cette église de quoi charger son téléphone dans une cachette, dans ce parc de quoi se reposer peinard, dans ce lieu de quoi se débarbouiller etc.
Il faut donc avoir l'oeil et chercher du regard les endroits propices pour subvenir à ses besoins vitaux ou secondaires. Car dans toute cette agitation qu'est la ville, avoir l'air naturel tout en utilisant ce qui n'est pas destiné aux premiers abords à ses affaires personnelles est synonyme de réussite. Après leur coup d'oeil sur vous, les gens sont pressés de faire autre chose. Et il faut également faire semblant de faire autre chose. Tout ça s'appelle la ruse, la débrouillardise, la stratégie et la discrétion. Alors vous survivrez très longtemps (si en plus vous avez du lien social).
Car les gens qui savent vivre dehors ont un gros avantage sur les gens qui vivent dans des maisons, enfermés. C'est comme dans la nature, les espèces survivantes sont les plus résistantes mais aussi celles qui s'adaptent le mieux.
Avant, tous les humains savaient vivre dehors. La peur les enferme et le confort ramollit.
Il est bien connu que ceux qui vivent à la montagne ou à la campagne sont plus résistants que les autres. Parce qu'ils vivent aussi plus dehors et plus dans la nature.
Donc il faut s'entraîner à vivre dehors, à essayer de se débrouiller, à voir de quel matériel on aurait besoin s'il était question de survie, à essayer et à s'amuser. Et en vérité, agir sur ça c'est comme du développement personnel. Et c'est aussi gage d'évolution mais encore plus une grande chance de ne pas être pris au dépourvu si demain la société venait à s'écrouler. On a déjà tous les repères et stratagèmes en place. Bien sûr, plus besoin de charger son téléphone dans ce cas-là. J'ai donc des talkies-walkies et assez de piles pour maintenir le contact avec la mère de ma fille. C'est juste un détail, mais qui a une très grande importance et peut faire toute la différence pour voir ma fille et leur apporter des vivres si besoin.
Vous voyez ce détail, il est puissant en fait. Mais il est aussi crucial que de savoir où se trouve les points d'eau en ville, où sont les endroits où être à l'abri sans être vu, utiliser son argent judicieusement et de ne pas sortir son portefeuille ou ses billets n'importe où.
Autre point important, avoir une réserve de savons compacts et de bouteilles, gourdes et bidons pour stocker de l'eau. Le reste, je le détaille dans l'article "Recommandations campement", où le matériel qui sert dans la nature peut aussi être utile en ville.
Quand on vit dehors en ville, il faut toujours avoir avec soi un petit sac à dos avec une grande gourde d'eau, des affaires de toilette et de rechange, une serviette, des couverts, son chargeur de téléphone, un k-way et une lampe frontale.
Également, il est vivement conseillé d'avoir et de maintenir une activité physique, de renforcer son corps, qu'il soit apte à courir plus de 30 minutes sans s'arrêter.
Savoir vivre dehors, c'est aussi avoir les bons vêtements et le bon couchage, surtout l'hiver mais c'est aussi une force d'esprit qui a été trop entraîné à vivre enfermé. Alors se retrouvant dehors, l'esprit ou mental est sujet à l'angoisse, à la dépression, à la perdition. D'une part parce qu'il n'y a pas le matériel et d'autre part parce qu'il est perdu, aucun repère. Totale zone de non confort.
C'est pour cela qu'il faut s'entraîner à vivre dehors. Une semaine par-ci, deux semaines par-là, c'est déjà un très bon début.
Ainsi on fait petit à petit ses marques, on voit de quoi on a besoin, on évite de reproduire certaines erreurs, on n'oublie plus telle chose etc.
Et en vérité, on redevient vivant. On est plus dans la vraie vie, on se sent plus grand et on se débarrasse de l'inutile, du superflu. Il peut venir aussi plus de maturité, plus de sagesse. Mais il y a une grande différence entre la ville et la nature. Aussi je recommande d'allier les deux. Car il est dur de garder sa sagesse en ville, la nature y aide mais la ville apporte sa force. Il faut combiner ça. La densité avec la pureté. Dur dur. Il faut être fort.
Vivre dehors apprend à être fort, à surmonter d'incroyables états d'âme, car il n'y a pas le choix, pas d'échappatoire. Ainsi, c'est sa nature en soi qu'il faut y amener et y mettre toute cette force matérielle extérieure à l'intérieur.
La conclusion, c'est que le simple spirituel qui se faisait bouffer, c'est lui qui maintenant bouffe la ville. Tout est en soi mais ici il faut dire : bonne chance, car la ville est la pire des jungles.
À côté, la forêt, après la sérénité c'est la sécurité absolue, même la nuit. Et c'est là où on dort le mieux et qu'on peut le plus se recharger. Donc, même en ville, toujours établir son campement non loin, dans un coin de nature sous les arbres et proche d'un point d'eau. Car bien entendu, vivre dehors ne veut pas dire d'abandonner sa voiture.